2902 - CORNOUAILLE

Michel van Praët, chevalier au comité de la Baie d'Audierne

 

 

Vous avez rejoint la section de Cornouaille il y a plus d'un

 

an. D’où venez-vous et pourquoi vous être installé dans

 

le Cap Sizun ?

 

Ayant engagé des études de biologie en 1967, je consacrais mes congés universitaires à la pratique de la voile et c’est à Esquibien que j’eus mon premier emploi de moniteur. Devenu assistant au Muséum national d’Histoire naturelle et connaissant un peu l’estran de la Baie d’Audierne je le choisis en 1978, après l’échouage de l’Amoco Cadiz, pour prélever les animaux non pollués afin d’étalonner les dosages effectués sur les animaux contaminés des abers. Après avoir eu une résidence secondaire (et un voilier) à Audierne ce fut une relative évidence de m’y installer pour la retraite, après avoir hésité avec … Tréboul.

 

Pouvez-vous nous décrire succinctement votre parcours ?


J’ai développé au Muséum des recherches sur les anémones de mer et coraux. La connaissance de la biologie d’espèces littorales m’a permis d’utiliser ce groupe d’animaux comme des « modèles » permettant d’étudier des espèces profondes pour mieux comprendre l’écologie des milieux océaniques profonds. À ce titre j’eus l’opportunité de participer à la première mission française d’exploration biologique des sources hydrothermales océaniques il y a 40 ans. Lors des discussions sur la rénovation de la Galerie de Zoologie du Muséum qui associait une centaine de chercheurs au milieu des années 1980, j’écrivis une synthèse « Synopsis pour une Galerie de l’Évolution » qui orienta le programme de rénovation dont j’ai ensuite assuré la direction muséologique jusqu’à l’inauguration de la galerie, en 1994, par François Mitterrand.

Je me suis dès lors consacré à d’autres projets muséographiques du Muséum en y intégrant des recherches et enseignements en histoire des musées et des sciences de la Nature. Ce fut le cas comme directeur des Galeries du site du Jardin des Plantes puis de l’équipe de rénovation du Musée de l’Homme, après avoir été 3 ans à l’Inspection généraledes Musées, au Ministère de la Culture.Participant aux activités de l’association internationale des musées (ICOM), j’ai eu l’opportunité de co-rédiger son Code d’éthique et de développer une réflexion sur la gestion des restes humains présents dans les musées. Cela m’amena à contribuer à la restitution par la France des têtes maories à la Nouvelle-Zélande et à diriger une mission interministérielle sur la valorisation et l’éventuelle restitution des restes humains présents dans les collections publiques. Au-delà du repérage de plus de 150.000 restes humains dans les musées et universités françaises, ce travail collectif de plusieurs années a permis d’établir un vade-mecum de bonnes pratiques et de proposer une évolution de la législation encadrant les restitutions à des États étrangers, qui est reprise dans un projet de loi en cours de discussion au Parlement. Parallèlement, ce travail sur l’éthique m’amena à être nommé au Comité consultatif national d’éthique des sciences de la vie et de la santé, où j’ai achevé mon second mandat en pleine pandémie. J’ai alors été (positivement) surpris des notes et avis que le CCNE parvint à élaborer en étant pourtant réduit à l’usage des outils de communication à distance ; il est vrai que nous avions l’expérience antérieure de longs échanges en présentiel pour la rédaction d’avis sur des sujets exacerbés par la crise, comme la fin de vie et les Ehpad, la coévolution de l’humanité avec le vivant et les nouvelles épidémies…

 

   

Qu'êtes-vous prêt à faire au profit de notre section ?


De manière complémentaire à mes recherches en biologie marine et à la coordination d’expositions, j’ai continuellement participé à des opérations de médiation scientifique au Muséum, dans les banlieues et, depuis quelques années, ici dans les écoles. Quand on est ou a été chercheur il est en effet, pour moi, essentiel de partager ses connaissances et de confronter les interrogations sociales aux avancées et aux limites des données scientifiques. J’espère que sur des sujets qui dépassent les temporalités des mandats politiques, comme l’évolution des milieux naturels et de l’urbanisation face à la montée des océans, nous pourrons contribuer à des réflexions prospectives pour la Cornouaille, s’appuyant sur les compétences complémentaires présentes dans la section. Globalement, dans les périodes difficiles, comme celle que nous vivons, les communautarismes offrent des cadres rassurants ; j’espère, pouvoir contribuer à ce que notre section soit un lieu et un acteur de partages et de confrontations d’une diversité d’opinions, qui limitent les tentations vers de tels replis.